La "Made in Italy" ne veut pas dire qualité

Coucou, j’espère que tout se passe bien comme tu le veux et que tu vas bientôt poser tes jours pour profiter des fêtes.
Enfin je pense que c’est déjà fait sinon t’es en retard.

Si je te dis "made in Italy", est-ce que ton cerveau te dit automatiquement qu'il n'y a pas à se méfier de la provenance de tes fringues ? 

Je t'avoue que chez moi, mon cerveau me dit : 

"c'est de la bonne came mec, fonce, pasta pizza tutti frutti"... 

alors que parfois dans les faits, c'est beaucoup moins sympathique. 

Des ateliers clandestins  

Ah ouais le mec défonce l'ambiance direct. 

Je ne sais pas si tu es au courant, mais il existe en Italie (mais pas que, on y reviendra plus tard) des ateliers clandestins qui exploitent pas mal les personnes qui s'y trouvent. 

Une ville est particulièrement concernée, du nom de Prato (la ville de Paolo Rossi, même si tu t'en fiches ). 

Prato, c'est une ville industrielle qui a toujours baigné dans le textile. 

À la fin des années 80, des entreprises ont eu besoin de main-d'oeuvre à la fois flexible et détenant du savoir-faire textile. 

Ces industriels qui devaient répondre à une demande grandissante ont eu l'idée de ramener de la main-d'oeuvre chinoise (parfois déclarée, parfois pas du tout). 

Une communauté chinoise s'est formée à Prato au début des années 90 et très vite, elle s'est développée pour atteindre quasiment un quart de la population. 

Un reportage sur Arte montre comment la population chinoise vit aujourd'hui à Prato, c'est assez fou. 

En 2015, ils sont officiellement 19 000, mais officieusement 50 000. 

Officieusement parce que beaucoup travaillent pour des ateliers clandestins dans lesquelles certains peuvent bosser jusqu'à 20h dans une seule et même journée. 

Et je te passe les accidents, incendies qui arrivent régulièrement dans ces ateliers. 

En 2015 encore, le pape François s'est même déplacé là-bas après un incendie d'un atelier clandestin  qui tua 3 personnes (pas les boss évidemment). 

Et il a déclaré : "wowowowowo c'est pas fini les conneries là ?". 

Enfin un truc dans le genre. 

Pourquoi ça ne s'arrête pas ?

Beaucoup de marques en profitent. 

Et beaucoup ne savent pas ce qui se cache derrière les ateliers dans lesquels leurs vêtements passent.

Le truc, c'est que les propriétaires d'ateliers dealent directement avec les marques pour leur proposer des prix hyper bas. 

Même si ça devrait leur mettre la puce à l'oreille, ce n'est pas suffisant pour déclencher le signal d'alarme. 

Le textile, c'est 21% du PIB local, donc une raison supplémentaire de ne pas stopper la machine. 

Le gouvernement italien chasse de plus en plus les ateliers clandestins, mais de grandes entreprises font l'inverse. 

On peut citer Gucci ou même Prada qui profitent de ce système pour répondre aux demandes grandissantes de leurs clients. 

Une loi est imposée depuis 2010 en Italie et impose au moins 2 étapes pour pouvoir signer le produit "Made in Italy". 

Impossible d'aller à l'étranger pour ces marques donc. 

Prato est une bonne solution et qui plus est très rentable.

Le problème, c'est qu'il n'y a pas que Gucci et Prada qui demandent à produire plus. 

Les ateliers clandestins sont donc "contraints" d'engager toujours plus de personnes pour produire plus et se tournent aujourd'hui vers des réfugiés (hors de la communauté chinoise) comme des Sénégalais ou des Syriens. 

Qui sont les responsables ? 

Les marques. 

Enfin en tout cas pour moi. 

C'est elles qui garantissent une fabrication propre (ou pas). 

Le problème, c'est qu'il est impossible de savoir ce qu'il en est vraiment du côté du consommateur. Des acteurs sont impliqués à différents niveaux, sauf que nous, de notre point de vue avec notre carte bancaire à la main, on ne peut rien contrôler. 

C'est donc aux marques de faire l'effort de recherche avant de s'engager dans des fabrications douteuses. 

Même le secteur du luxe est gangrené par ce problème.

Si une marque ne sait pas ce qui se passe avec ses ateliers, elle en porte la responsabilité, c'est tout. 

Ce n'est pas plus compliqué que ça. 

Il n'y a qu'en Italie que ça se passe ?    

À Aubervilliers, des ateliers clandestins sont découverts régulièrement et agissent en sous-traitance pour des marques connues. 

Ça ne date pas d'hier, en France aussi on a notre quota de conneries, mais on n'est pas le pays le plus à plaindre. 

En Angleterre à Leicester, là c'est vraiment la merde. 

Cette ville est remplie de milliers et milliers d'esclaves modernes.

Esclaves qui permettent d'estampiller des vêtements Made in England.

Il existe un reportage qui est assez horrible à regarder (surtout la fin qui touche le sujet de la production de viscose) mais qui est vraiment d'actualité et nous montre ce qui se passe véritablement dans ces ateliers anglais qui fabriquent des vêtements pour des marques comme Boohoo, Nasty Gal ou Pretty Little Thing. 

Remarque, à ce prix, on peut avoir la puce à l'oreille non ? 

D'ailleurs...

Comment savoir si mon vêtement a été fabriqué dans un atelier clandestin ?  

Malheureusement, il est impossible de le savoir vraiment. 

J'adore les faux suspens. 

Comme je te le disais, il faut faire confiance aux différentes marques et comprendre à quel point elles sont honnêtes ou non. 

Personnellement, si des ateliers chinois à Prato n'avaient pas parlé de Gucci, je n'aurais jamais imaginé qu'ils travaillent avec des sous-traitants en exploitant de la main-d'oeuvre à des prix dérisoires. 

Gucci a déclaré qu'ils contrôlent désormais toutes leurs productions pour ne pas qu'elles ne passent entre les mains de travailleurs clandestins. 

Est-ce que c'est vrai, ça personne ne pourra le vérifier. 

Sans parler des marques qui tentent des trucs avec un marketing bancal et vanter une fabrication italienne en profitant de l'ignorance de la plupart des gens sur le sujet.

Donc la responsabilité nous tombe dessus (nous les consommateurs). 

Et même si parfois il nous arrive d'acheter de la merde (ça arrive à tout le monde je pense) et qu'il ne faut pas non plus se surculpabiliser, il ne faut surtout pas oublier de se renseigner et se faire son propre avis. 

Et c'est valable aussi pour l'inverse   

"Le Made in China, c'est de la merde".

Il y a du vrai quand on voit tout ce que la Chine peut produire comme merdes et dans quelles conditions.

Et c'est ce que la plupart des gens pensent. 

En revanche, il existe des savoir-faire incroyables en Chine. 

Le problème, c'est que dans l'esprit collectif, le Made in China est dégueulasse tout comme le Made in Italy est trop classe (wow i spaghetti della mamma) . 

De plus en plus d'ateliers très sérieux se développent en Chine et dans quelques autres pays boudés par l'image de production textile dégueulasse qui les suit. 

Dernièrement, j'ai touché un costume d'un gros niveau de détails, venu d'un atelier chinois qui invite même ses clients à venir faire des reportages dans l'atelier pour prouver qu'ils produisent proprement en respectant le temps de travail des employés, etc. 

Bref, c'est un bordel monstre. 

Pour conclure   

C'est une newsletter qui n'est pas là pour culpabiliser. 

J'ai horreur de ça. 

On s'en mange déjà assez dans tous les médias et autres comptes Insta.

Dans cette newsletter, je réponds simplement aux personnes qui se questionnent sur les prix de certaines marques et qui me demandent si la marque est fiable. 

Ma réponse est toujours la même : je ne sais pas, je ne les connais pas personnellement. 

Il est impossible de savoir ce qui se passe vraiment derrière la fabrication d'un vêtement, c'est un peu comme tout ce qu'on consomme d'ailleurs. 

Il existe heureusement des organismes qui contrôlent les productions de vêtements, mais des petits malins trouvent toujours des moyens de contourner les lois. 

Au même titre que de ne jamais juger quelqu'un par ses origines, je pense qu'on devrait faire de même avec les fringues et faire du cas par cas. 

Si un vêtement arrive de Chine, il est aujourd'hui fort probable qu'il soit fabriqué dans de mauvaises conditions comme dans de très bonnes. 

C'est à nous (consommateurs) de juger si les prix sont cohérents avec ce que propose le marché et que la marque est honnête. 

J'écrirais quelque chose sur comment les prix sont fixés dans le vêtement pour que tu puisses comprendre à quel point il est difficile de tirer les prix vers le bas lorsqu'on veut produire de la qualité. 

Enfin si ça t’intéresse bien sûr ?

Je te souhaite de passer de belles fêtes, surtout si tu pars dans le sud rejoindre la mam’s ou / et la famille.

Moi c’est ce que je vais faire.

Ça et manger plein de trucs.

Des bisous,

Luca