J'en n'ai plus rien à foutre
Merci d'avoir ouvert cette newsletter du jeudi.
Je tenais à te renvoyer cette newsletter car j’ai eu pas mal de questions des ce sens ces derniers jours et je me disais que ça te servirait.
Installe-toi confortablement, je vais te raconter une histoire personnelle dans quelques instants.
Oui, je vais me confier à toi ma biche.
"Hey d'où tu me parles comme ça t'es fou toi".
Scuse.
J'étais dans mon lit dimanche matin, en lendemain de cuite et je me suis réveillé en sursaut.
Tu vas peut-être trouver ça débile et je ne sais pas si c'est l'alcool qui m'a fait faire ce rêve bizarre, mais je suis sorti d'un cauchemar nul (pléonasme, mais celui-ci était vraiment naze de chez naze).
Avant de te le raconter, je vais recontextualiser un peu.
Mon premier stage en entreprise était à la fois trop stylé et tout pourri.
Quand j'avais 22 ans, tout fraîchement entré en école de commerce qui offrait la plus belle vue sur le périphérique parisien, j'étais un de ceux de ma promo qui procrastinait pas mal pour trouver un stage.
J'étais flippé du monde de l'entreprise.
Tous les codes, les responsabilités, enfin bref la vraie vie d'adulte quoi.
Avec le courage d'une courgette, je demande à une amie de la famille de me pistonner pour un stage... au Printemps Haussmann.
Je passe tout de même un entretien, qui se passe plutôt bien et je me retrouve en haute horlogerie en tant que vendeur.
En gros, je passe mes journées à bichonner les montres de mes rêves, je fais des formations dans de grands hôtels pour des marques horlogères, je sors des coffres chaque matin des plateaux entiers de Rolex, enfin c'était l'éclate quoi.
Je m'étais même fait pote avec un footballeur du PSG qui voulait toujours passer par moi pour ces achats de Hublot toujours plus horribles les unes que les autres.
Joueur que je ne citerai pas ici (c'était Nenê).
Tu n'auras pas de photo.
Allez tiens.
Ça, c'était la partie trop cool.
C'était l'éclate même, je ne pensais pas autant aimer un stage de vente et ça m'a beaucoup appris.
L'autre partie trop relou (qui m'a fait faire un cauchemar) c'était la deuxième partie de mon stage.
Sachant que mon entretien s'était bien passé et que je m'entendais bien avec le manager de la haute horlogerie, j'ai été "promu" pour être assistant manager des ventes.
L'angoisse la plus totale.
Mon rôle était d'aller voir chaque vendeur pour s'assurer qu'il respectait ses objectifs et surtout d'aller leur taper sur les doigts quand ils ne respectaient pas les codes.
Et c'est là que ça devient débile.
Je devais faire des notes et les remonter à mon manager lorsqu'un des vendeurs prenait trop de pauses et surtout quand il ne venait pas habillé de noir.
Je n'ai jamais su ce qu'ils faisaient de ses notes, mais c'était infantilisant au possible.
En prime tous les potes que je m'étais faits ces dernières semaines m'ont perçu comme le pire des casses couilles car j'allais les voir pour checker que tout allait bien.
Je n'avais qu'une hâte, c'était de me barrer ou de retourner de l'autre côté.
Chose que j'ai faite.
J'ai demandé à reprendre mon expérience de vendeur de grosses montres à des footballeurs trop sympas.
Et sachant que mon manager était une crème, il a accepté.
Et c'est vraiment à partir de ce moment là que j'ai trouvé ce monde ridicule.
Je devais avec mon salaire de stagiaire, c'est-à-dire presque rien, m'acheter des costumes noirs que je ne porterais qu'à des enterrements.
Ça faisait partie des codes.
J'étais allé chez Zara et m'étais chopé des costumes en soldes de chez soldes pour une poignée d'euros.
Et franchement ça me mettait dans un mood très négatif de devoir me déguiser à mes frais pour faire bonne impression.
Un jour, je décide de m'achèter un pantalon chez Fursac (à mes frais toujours) pour me sentir un peu mieux dans mes baskets (qui étaient en vérité des souliers Finsbury d'un inconfort inégalé).
Pantalon que je troue le lendemain de son achat avec un tiroir sur le lieu de travail.
Je n'ai jamais pu reprendre ce pantalon qui était bon pour la poubelle.
Et c'est là que ça a fait tilt.
Je me suis dit : "Mec, tu as le droit de gueuler, même si tu es en stage, bouge ton cul".
Je suis donc allé voir la personne qui gérait la surface de vente en lui demandant de me rembourser mon pantalon sous peine de ne plus jamais revenir habillé en costume noir.
Demande qui m'a été refusée immédiatement.
J'ai donc pris une décision radicale : ne plus jamais m'habiller en noir jusqu'à la fin de mon stage.
Racaille.
Je venais en costume (gris que j'avais depuis quelques années et que j'aimais porter), parfois avec des baskets, et même en T-shirt.
Et tu sais ce qui s'est passé ?
QUE-DALE
Rien.
Nada.
Pas même un mot du grand patron qui arpentait les surfaces de vente une fois tous les 15 jours.
Je me sentais hyper bien, plus libre qu'avant.
J'ai terminé mon stage sans encombre.
J'étais passé d'un type timide qui s'obligeait à porter des déguisements débiles achetés chez Zara, à un gars confiant qui s'en foutait de ce que les gens pensaient.
Je me disais tout le temps :
"Et au pire il se passe quoi ?
S'ils me disent un truc, je leur demanderais de me rembourser mon pantalon et de me fournir d'autres déguisements débiles".
Pour en revenir à mon cauchemar, j'ai simplement rêvé revenir en stage et devoir porter des costumes noirs en polyester.
Je n'avais pas réussi à m'imposer et m'étais écrasé comme une vieille omelette devant ce responsable de la surface des ventes.
Nul ce cauchemar hein...
Pourquoi cette newsletter ?
J'ai remarqué que j'ai vécu ce combat plusieurs fois dans ma vie, dans différentes circonstances, à différents moments. Sûrement comme toi j'imagine.
Personnellement, ça m'a toujours un peu dérangé de devoir m'adapter à un environnement et de devoir faire semblant.
Je ne te demande pas de jeter tes costumes et d'aller travailler en slip à la Défense.
Mais simplement qu'on peut trouver un juste milieu entre son confort et celui de son entourage (employeur compris).
S'habiller pour soi est le meilleur moyen de rayonner et c'est débile de se forcer pour quelque chose que tu ne veux pas au fond.
Personnellement, c'est pour cette raison là en partie que je n'ai jamais voulu bosser pour de grosses boîtes ou devenir consultant pour attendre le casual friday pour porter des New Balance.
Ça ne m'intéressait pas.
Mon confort vestimentaire était trop important pour moi et jouait trop sur mon humeur pour que quelqu'un d'autre puisse le contrôler à ma place.
Donc aujourd'hui, j'en ai vraiment plus rien à foutre de ce que pensent les gens de mes vêtements et ça fait du bien.
J'espère que cette newsletter t'aura permis de t'en foutre un peu plus toi aussi si ce n'est pas encore le cas.
Je te dis à la semaine prochaine,
Des bisous,
Luca
PS : la semaine prochaine sort la newsletter de Noël. Je crois que tu n’es pas prêt ! Il y a max de surprises dedans.