Est-ce qu'on peut faire confiance aux influenceurs ?

J'espère que tu vas bien et que ton prochain repas sera copieux (cette phrase n'a aucun sens). 

Aujourd'hui, je viens te parler d'un sujet dont le débat fait rage : 

les influenceurs.

Chose étrange, cela fait plusieurs semaines que des personnes m'envoient des profils de personnes du monde de l'influence pour me demander si elles peuvent leur faire confiance. 

Cela provoque deux réactions chez moi : 

1. déjà je me demande pourquoi certaines personnes se posent des questions sur ces curieux personnages de notoriété publique.
    

2. cela me fait tout autant plaisir de voir que vous me demandez à moi. Je me sens comme un juge de ligne à Rolland Garros. Ceux qui crient très fort et qui ont un peu de ventre.

J'ai donc décidé de m'exprimer sur ce sujet qui reste assez flou et opaque pour les personnes extérieures à ce monde de l'influence. 

T'expliquer, selon moi hein, comment reconnaître un "bon" ou un "mauvais influenceur" et ce qui est intéressant d'aller chercher chez eux. 

Car comme partout, il y a des personnes honnêtes et d'autres moins, c'est là que tout se joue.

Puis je vais te raconter un peu ma vie sachant que je le suis également et comment je fais pour me faire autant détester des bureaux de presse (pas tous wowowo calmos).

"Bon influenceur" ou tableau publicitaire : comment s'y retrouver ?

J'imagine que chacun a sa définition d'un bon influenceur, la mienne est assez simple : un bon influenceur se doit de créer de la valeur au sein de son domaine d'expertise. 

Son rôle est d'aiguiller son audience à faire des choix corrélés avec leurs besoins et envies, car il jouit d'une position favorable auprès de marques.

Cela lui permet de tester un tas de choses à la place de sa communauté et de lui donner son avis, légitime, s'il est spécialisé dans ledit domaine. 

La valeur, cet influenceur peut la générer en créant du contenu et en faisant avancer la réflexion autour d'un domaine d'expertise. Cela peut aussi être par du divertissement, des analyses, ou simplement des visuels.

Je vous donne un exemple, je suis un foufou des produits Apple, et je regarde chaque vidéo qui sort de chaque produit sur YouTube. 
À côté de ça, depuis quelques années, je suis Theicollection qui a les produits Apple en avant première et les teste sur sa chaîne (il fait de l'ASMR avec les blisters aussi, j'adore ça). 

Pourquoi je trouve que J-B (il s'appelle comme ça) est un bon influenceur ? 

Tout d'abord car il vulgarise tout. 

Même si Apple est très fort pour faciliter la compréhension de ses produits, J-B va encore plus loin et dit clairement ce qu'on va pouvoir faire ou non avec les produits. 

Tout est bien illustré, c'est tourné de façon décontractée et surtout on sent que le gars est passionné. 

Bref, je lui fais entièrement confiance, même si Apple lui donne chaque produit et doit lui graisser la patte pour parler d'eux. 

Je lui fais confiance aussi car il n'hésite pas à dire s'il ne s'y connait pas dans certains domaines, comme les consoles de jeux vidéo par exemple. 

Mais Il n'y a pas que "l'expertise" qui importe. Il y a aussi la personnalité de la personne que tu suis. 

Ça joue énormément. J'ai plus de facilité à faire confiance à des personnes qui ont de l'humour ou qui interagissent avec leur communauté de manière spontanée, plutôt qu'à des personnes qui préparent à chaque fois leurs posts et qui utilisent des filtres de montage pour faire plus léché (pour moi ça joue beaucoup). 

Je suis cette dame depuis un moment, Rianne Meijer, qui est modèle. Elle me fait marrer très fort.

Et, naturellement, cela ajoute beaucoup d'authenticité à son contenu.

Elle apporte de la valeur en me divertissant, en prônant un sujet très actualité sur le body positivism, il me semble alors naturel que sa visibilité (1,5M followers) soit rémunérée.

Des marques se retrouvent certainement dans cette démarche et ont envie d'approcher des potentiels clients dans la même veine. 

On est sur un échange de bons procédés, fait intelligemment, entre personnes  et marques aux valeurs similaires.

En revanche, ce qui m'énerve, ce sont les influenceurs qui profitent d'un système trop peu regardant.

Oui j'ai jeté le pavé dans la mare. 

Je sens que je vais avoir des problèmes avec de nouveaux Dubaïotes. Même si j’adore cette ville incroyable et ce qu’elle renferme (c’est faux).

La courbe que tu peux voir ici est la courbe de progression d'un influenceur en carton qui a tout simplement acheté des abonnés. 

On peut acheter des abonnés sur Insta ? 

Oui. 

C'est plus difficile à faire aujourd'hui, mais on peut. 

Je ne citerais pas de noms ici, car je ne veux pas mettre ces individus en lumière, mais il est facile de voir si des personnes ont acheté ou pas. 

Il suffit d'aller sur SocialBlade, de regarder la courbe de progression des abonnements et de surveiller les pics de progression trop agressifs.

Puis à côté, vérifie s'il ne s'est pas passé un truc sur le profil de la personne pour s'assurer qu'elle n'ait pas fait un jeu concours ou une opé avec un autre gros influenceur pour avoir ce bond d'abonnés (afin de ne pas l'accuser de gratteur du futur à tort). 

Avec les Reel qui pètent aussi, il est possible de faire un pic d’abonnés. Vérifie si une vidéo a explosé ou non. Si ce n’est pas le cas, c’est que la personne est en carton.

Mais il n'y a pas que ça. L'engagement est un bon indicateur. 

Il peut être bon, mais peut être fake dans certains cas.

Message reçu par une gentille dame cette semaine alors que je m’envolais pour New York City ville pour passer des vacances de rêve.

Elles vient de me les gâcher wowowow :

L'engagement c'est à dire le nombre de likes et de commentaires que tu trouves sous les posts Instagram. Les vrais commentaires hein, pas ceux de robots chelous là qui ne veulent rien dire ou des potes de potes que tu ne connais pas comme cette dame qu’on appellera Charlène.

Acheter des abonnés, c'est facile et pas cher. En revanche acheter de l'engagement (ce qui est possible aussi) c'est plus compliqué et onéreux.

Rah on peut tout acheter dans ce monde de brutes. 

Sur la photo ci-dessus, la personne a 100k abonnés. 

100 likes pour une photo, ma tata Thérèse fait mieux avec son chien Gabriel et ses 800 abonnés. 

Vraiment n'hésite pas à regarder le ratio abonnés/likes pour voir si on ne t'enfume pas trop. 

Voilà ce que de vrais influenceurs peuvent faire comme stats quand une vraie communauté les suit, comme Jordan (Menswearplease) que tu connais sûrement avec quasiment 30k abonnés.

Pourquoi ça me dérange ? 

Oui parce que, je devrais peut-être me dire : "hey, c'est bon, laisse les jouer". 

Oui, mais non ! 

Ces influenceurs, qui achètent des faux abonnés, plombent le marché. Ils mettent dans l'embarras des personnes honnêtes qui ont un vrai avis sur les choses et qui se tuent à la tâche pour produire de la valeur. 

Quand je parle de marché, ce sont aussi les marques qui se font avoir, avant même les consommateurs. 

Lorsqu'une marque a envie de communiquer sur un produit, elle achète maintenant naturellement des posts sur Insta à des influenceurs.

Il suffit que la marque en question ne soit pas trop regardante sur l'engagement des posts du faux influenceur et la voilà à payer un gars qui ne fera que vendre du vent à tout le monde en empochant un billet. 

Et alors, les vraies personnes qui travaillent dur, ne sont pas récompensées (ou peu) et passent leur temps à batailler.

Un cercle vicieux tant pour les professionnels que le consommateur final.

Les agences et bureaux de presse

Il peut arriver que des agences qui représentent des marques ne fassent pas attention à ces métriques. 

Tu le sens le cercle vicieux là ? 

Certaines agences et bureaux de presse n'ont pas d'intérêt à placer les produits des marques sur de vrais influenceurs car elles sont (parfois) rémunérées au placement. 

Donc, elles n'ont pas d'intérêt à dire à leurs marques que l'influenceur est faux, elles veulent juste de la publication sur des influenceurs avec un nombre minimum d'abonnés (vrais ou faux). 

C'est moche hein. 

Donc tout le monde prend son billet et la marque en paye les frais, dans tous les sens du terme.

Argent jeté dans les poches de quelqu'un qui fait mal son travail, image de marque pas terrible, pas d'achat in fine.

Heureusement que certains bureaux de presse, ceux avec qui j'aime travailler, sont regardants et chassent ces influenceurs en carton. 

Mais voilà la réalité.  

Parlons de mon cas

Quoi qu'on en dise, je suis un influenceur, même si ma Maman préfère dire que je fais des photos sur internet pour gagner de l’argent.

Longtemps, j'ai rejeté le terme pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.

Je trouvais ça réducteur par rapport au temps passé à produire du contenu. 

Mais c'est un fait, je travaille depuis je dirais un an et demi, avec des marques qui veulent se mettre en avant.

Et très franchement, si je voulais faire le filou, il serait facile de prendre de l'argent aux marques sans me soucier de ce que veut réellement voir ou lire ma communauté.

La frontière est très mince.

Et je ne veux pas défendre mon cas, cela ne m'intéresse pas en soi, j'ai ma conscience de mon côté, seulement cela me semble important de montrer l’envers du décor qui concernent aussi plein de copains talentueux.

Allez, exemple : 

Je parlais avec une amie RP (qui bosse dans un bureau de presse donc) la semaine dernière, elle me disait que j'étais vu comme un mec ultra chiant car je ne viens jamais aux soirées de marques et donc de bosser avec certaines marques.

Soit parce que l'image ne me plait pas, soit parce que leurs conditions sont infernales, soit car simplement je n'ai pas envie de vous vendre des produits So Shape alors que tu n'en a rien à foutre.

Et aussi parce que je fais de l’anxiété sociale, surtout quand je bois trop de champagne. Laissez-moi jouer à Zelda en slip merci.

Donc, je ne suis pas dans les petits papiers des marques et des agences (ou moins), car c'est trop d'effort de travailler avec moi.  

Je n'aime pas non plus me pointer aux événements organisés par les marques (sauf au Pitti, oups).

Gagner correctement sa vie VS être aligné à ses valeurs : la frontière est mince

Pour le coup c'est catégorique, je ne veux pas travailler autrement et entrer dans les codes imposés par certaines agences et bureaux de presse et devoir aller vivre à Dubai pour caresser des malheureux tigres.

Je contacte souvent moi-même les marques avec qui j'ai envie de travailler car je sais que je peux imaginer une collaboration qui collera avec mes principes et valeurs. 

Je trouve cela beaucoup plus sain. 

Pour conclure, je trouve que ce métier (c'en est un) peut être honorable s'il est bien fait. 

On peut vite passer du côté obscur lorsque l'argent est présent. 

Pour moi, il est possible de récolter un peu d'argent en s'assurant que sa communauté récolte au passage de la valeur. Qui reste l'élément le plus important si on remet les choses dans l'ordre.

Mais il reste quelque chose de primordial, c'est qu'il ne faut pas oublier de se faire son propre avis.

Les bons influeuceurs ou experts sont là simplement pour faciliter les recherches et apporter leur expertise mais ce n'est pas à eux, à moi, de choisir à ta place.

N'hésite pas à me dire si tu aimes que je traite ce genre de sujet. Tu peux me dire que tu t'en tamponnes également, je ne le prendrai pas mal. 

Allez je retourne à l'écriture de ma prochaine vidéo Youtube qui sortira en ce début d’année avec une nouvelle dynamique !

Belle journée, 

Luca